LE TRAVAIL DANS LA VIE CISTERCIENNE
LE TRAVAIL, OEUVRE MONASTIQUE
« Ils seront vraiment moines lorsqu’ils vivront du travail de leurs mains. »
Règle de Saint Benoît
Le travail manuel fait partie intégrante de la vie monastique. Il est notre unique source de revenu. Par le travail, nous rejoignons l’humanité dans ce qu’elle a de plus noble et de plus austère. Il nous permet de mieux comprendre la fatigue et de communier aux soucis des hommes de notre temps. Autrefois essentiellement agricole, le travail se diversifie et se tourne vers des activités de type artisanal ou industriel. Nous veillons à ce que le travail de nos mains nous permette de retrouver la liberté nécessaire pour que l’âme reste en union avec le Créateur. Il devient ainsi prière pour le monde.
Le travail, surtout manuel, donne aux moniales l'occasion de participer à l'œuvre divine de la création et de la rédemption et de marcher sur les traces du Christ Jésus ; il jouit toujours d'une estime particulière dans la tradition cistercienne. Ce travail dur et rédempteur procure le nécessaire aux sœurs et à d'autres, spécialement aux pauvres, et manifeste la solidarité des moniales avec la foule des travailleurs. Il est aussi l'occasion d'une ascèse profitable, favorisant l'évolution et la maturité personnelle, entretenant la santé du corps et de l'esprit; enfin, il contribue beaucoup à la cohésion de toute la communauté.
La durée du travail est déterminée selon ce qu'exigent la vie monastique et les nécessités locales. Les sœurs s'adonnent chaque jour au moins pendant quatre heures au travail qui cependant ne dépasse pas habituellement six heures.
Constitutions des moniales, C. 26
Notre activité est diversifiée : notre revenu principal et historique est la fabrique d'hosties. Depuis quelques années (Covid oblige), nous avons un atelier où nous réalisons des oreillers de plumes ou de plumes & duvet, nous sélectionnons et conditionnons des thés et des infusions. Nous fabriuons aussi quelques gourmandises (nouget, guimauves...), et proposons un magasin monastique ainsi qu'une boutique en ligne, que nous gérons intégralement.
Le travail ne s'oppose pas à la prière ni n'en est séparé, il n'y a pas de cloisonnement dans notre vie. Au contraire, nous nous efforçons de cultiver le souvenir de Dieu en mettant à profit les tâches qui demandent moins d'attention ou les déplacements pour lancer de brèves prières (aussi dites "oraisons jaculatoires", cf. le glossaire) ou nommer devant Dieu les personnes pour lesquelles et avec lesquelles nous travaillons. Déjà Saint Bernard avait dû répondre à ses frères qui lui objectaient que le travail manuel empêchait la vie de prière. Il le fait avec son lyrisme coutumier, notamment dans un de ses Sermons sur le Cantique des Cantiques, dans lequel il met dans la bouche du Christ, figuré par l'Epoux, des propos qui s'adressent à l'âme, figurée par la Belle du Cantique :
« Ne va pas croire, mon amie, que le travail de la vigne, auquel je te convie, n'empêche ou n'interrompe notre commerce amoureux. Dans ce travail même, nous trouverons sans doute de quoi favoriser l'accomplissement de notre commun désir. Les vignes ont leurs murs, qui offrent d'agréables cachettes aux amants. »
Saint Bernard, Sermons sur le Cantique, Sermon 61, § 2.
Mais pour être honnête, une telle synthèse, une telle unification du cœur, requiert beaucoup de temps et une attention, constante mais détendue, pour devenir une habitude de vie. Quand on l'éprouve, on goûte une grande paix et sérénité, qui permet d'accueillir avec calme les inévitables difficultés, qui d'ailleurs se résolvent plus facilement dans la mesure même où elles nous mettent moins le cœur et la tête en désordre.
