Saint Bernard, abbé de Clairvaux et homme d'Eglise

une spiritualité lumineuse

Bernard de Fontaines (1090-1153) est un jeune homme issu de la noblesse bourguignonne, éduqué en vue de devenir homme d'Eglise. Mais il est avant tout un chercheur de Dieu, avec une soif d'absolu que ne contente que la pauvreté et le retrait du monde de Cîteaux, où il rentre en 1112 ou 1113, entraînant dans son élan une trentaine de cousins et amis, chevaliers pour la plupart, ou clercs comme lui.

Dès 1115, il est envoyé comme abbé pour fonder l'abbaye de Clairvaux, accompagné d'un groupe conséquent de moines. Comme tel, il accompagne et nourrit la vie spirituelle de ses frères par des enseignements, qui sont à la base d'un corpus littéraire vaste et diversifié, mais dans lequel se dessine une vision lumineuse de l'homme devant Dieu, faible mais toujours capable d'accueillir la grâce. 

Lorsque Dieu aime, il ne demande autre chose que d'être aimé, parce qu'il n'aime qu'afin d'être aimé, sachant que ceux qui l'aiment deviendront bienheureux par cet amour même.

Sermon 83 sur le Cantique, § 4

Rançon d'une célébrité et d'une réputation d'homme spirituel, à cette activité s'adjoignent bien vite de nombreuses missions d'Eglise: on sollicite son avis sur des questions épineuses, il doit servir de médiateur dans des conflits entre les puissants du temps, intervenir dans des conciles provinciaux... Les vocations affluent aussi à Clairvaux, l'obligeant à s'engager dans des fondations dans toute l'Europe. De son vivant, l'Ordre s'étend du Danemark au Portugal, de l'Irlande à la côte dalmate, avec même une tentative d'implantation en Terre Sainte.

Souvent éloigné donc de sa communauté, il n'en garde pas moins au coeur le souci de leur partager son expérience spirituelle, et il le fait par le biais de l'écriture : une correspondance abondante, des traités sur des points précis, des oeuvres de circonstances qui lui sont demandées, un vaste ensemble de sermons au fil de l'année liturgique, et surtout, une lecture méditative du Cantique des Cantiques, dans lequel il trouve un support pour exprimer, à partir de l'Ecriture elle-même et de ce qu'elle fait vivre à qui la lit avec sérieux, l'expérience toujours complexe et mouvante de la recontre de l'âme avec Dieu. Jusques-là, ce livre biblique qui est un petit recueil de chants d'amour entre un homme et une femme, s'il avait été commenté, n'avait pas été utilisé comme support systématique dans la littérature spirituelle. Sur ce  point, Bernard est un "novateur", où plutôt il trouve un équivalent biblique pour parler de la recherche de Dieu à des hommes imprégnés de la nouvelle culture courtoise, laquelle chante l'amour humain comme une valeur en soi. 

Saint Bernard portant le livre du Cantique des Cantiques, cloître de l'abbaye de Blauvac

Qui est l'Epouse ? L'âme assoiffée de Dieu... L'amour l'emporte en excellence sur tous les sentiments naturels, surtout lorsqu'il remonte à son principe premier, qui est Dieu. Pour exprimer la tendresse réciproque du Verbe et de l'âme, on n'a pas trouvé de noms plus doux que ceux d'époux et d'épouse ; car entre eux tout est commun, chacun ne possède rien en propre qui ne soit aussi à l'autre.

Si le mot d'amour est celui qui convient le mieux aux époux et qui sert à les définir, l'âme qui aime Dieu mérite bien le nom d'épouse.

Sermon 7 sur le Cantique, § 2


Mais avec grande clairvoyance, à la suite des Pères de l'Eglise, il rappelle à ses auditeurs-lecteurs que la lecture de l'Ecriture est toujours symphonique, et qu'il ne saurait y avoir d'interprétation strictement intimiste, et encore moins "d'élitisme monastique". Comme l'avait dit Saint Paul, l'Epouse du Christ, c'est l'Eglise, c'est l'Humanité tout entière :

L'Epouse n'est autre que l'assemblée de tous les justes, la génération qui est en quête du Seigneur, en quête de la vue de l'Epoux.

... Mais nous, chacun de nous en particulier, que dirons-nous donc ? Peut-on appliquer ces paroles de l'Epoux à un seul d'entre nous ? Mais j'ai tort de dire « l'un d'entre nous ». Je crois, en effet, que l'on peut poser cette question, sans encourir aucun blâme, à propos de n'importe quel fidèle dans l'Eglise. Car les choses n'obéissent pas à la même loi selon qu'il s'agit d'une seule âme ou de la foule des âmes rassemblées. Après tout, ce n'est pas pour une créature isolée, c'est pour en réunir un grand nombre en une même Eglise et en faire l'unique Epouse, que Dieu a accompli ici-bas notre salut au prix de tant de peines et de souffrances. 

Sermon 68 sur le Cantique, § 3-4


Il meurt à Clairvaux en 1153 au terme d’une vie bien remplie, dont l’idéal premier ne s’est jamais démenti, non sans avoir légué comme un condensé de son expérience spirituelle dans ses derniers Sermons sur le Cantique (Sermons 83 à 86). On y retrouve les principaux thèmes qu'il a voulus communiqués à ceux qu'il aimait, ses frères de communauté et toute l'humanité, et cette alliance si caractéristique d'un grand réalisme quant à la faiblesse de la nature humaine et d'une invicible espérance fondée sur l'expérience de l'Amour vainqueur de Dieu. Cela reste une note propre de la spiritualité cistercienne :

Depuis trois jours, j'ai employé tout le temps assigné par notre règle à la prédication, à vous faire comprendre les affinités de l'âme et du Verbe. A quoi ont donc abouti mes efforts ? Voici. Je vous ai fait voir que

toute âme – même chargée de péchés, captive de ses vices, retenue par les plaisirs, emprisonnée dans son exil, incarcérée dans son corps, clouée à ses soucis, distraite par ses affaires, figée par ses frayeurs, frappée de multiples souffrances, allant d'erreur en erreur, rongée d'inquiétudes, ravagée de soupçons, et finalement, selon le Prophète, étrangère en pays ennemi, partageant les souillures des morts, comptée parmi les habitants de l'Enfer, – toute âme, dis-je, en dépit de sa damnation et de son désespoir, peut encore trouver en elle-même des raisons non seulement d'espérer le pardon et la miséricorde, mais même d'aspirer aux noces du Verbe, pourvu qu'elle ne craigne pas de conclure un traité d'alliance avec Dieu et de se placer avec le Roi des anges sous le joug de l'amour.

Elle peut se permettre toutes les audaces envers celui dont elle est l'image glorieuse et dont elle porte noblement la ressemblance. Qur craindrait-elle de la majesté divine, elle qui dès l'origine s'est vu accorder la confiance du Maître ? Il suffit qu'elle s'applique, par une vie honnête, à conserver sa noblesse native ou plutôt qu'elle cherche à l'embellir encore, par l'éclat de ses mœurs et de ses sentiments, cette beauté céleste qui est son premier partage.

Sermon 83 sur le Cantique, § 1

Ciel d'espérance

 

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